Le guide, le fidèle compagnon du voyageur…
Cette semaine, j’ai envie de vous parler de la fameuse question des guides de voyage. Préparant mes futures aventures, notamment la toute prochaine à Marseille, je m’interroge sur la nécessité d’emporter des guides dans mes bagages. Si oui, quel(s) guide(s) choisir ? Glaner des renseignements sur les blogs n’est-ce pas suffisant ? Chez quel éditeur trouver un guide pratique pour voyager avec un enfant ? Je me pose toute une série de questions autour du guide et je voulais vous partager mes réflexions.
Le guide, le premier pas pour rêver son voyage
Mon premier réflexe quand je prévois un voyage est d’acheter un guide (ou plusieurs) sur la destination ainsi qu’une carte (parce que j’adore les cartes). Je prends alors le temps de découvrir le pays, son histoire, sa culture, les endroits à ne pas manquer, les bonnes adresses où dormir et manger. Je me projette dans le voyage, j’essaye d’établir un itinéraire et un programme, je planifie. J’aime ce moment d’évasion avant le voyage. Ce voyage imaginaire, nourri par les belles images, les cartes, les noms des villes et les mots du guide, ne sera pas forcément celui que je vivrai une fois sur place. Mais il participe à la magie du voyage.
Quel guide choisir ?
Avant, j’avais tendance à choisir soit Le Guide du Routard soit le Lonely Planet. Je ne poussais pas plus loin mes recherches. Maintenant, même si le Lonely Planet est resté dans mes guides de prédilection, je m’ouvre à d’autres par choix et par nécessité. Par choix, tout d’abord. Je recherche désormais des guides plus personnels, plus subjectifs et moins connus. Des guides dans lesquels on sent la personnalité et les goûts de l’auteur. Des guides qui proposent des adresses différentes, hors des sentiers battus par les grands noms. Je recherche aussi des guides qui proposent de découvrir une ville ou une région au travers de randonnées thématiques ou non. J’en choisis plusieurs aussi car j’aime voir les villes sous des angles différents. Pour notre prochaine escapade à Marseille, j’en ai choisi trois : Marseille, l’essentiel d’Alexandra Apikian aux Editions Nomades, Le Piéton de Marseille d’Aurélia Riss chez Rando éditions et Les Calanques… à pied de la FFRandonnée. J’aime marcher, j’aime découvrir une ville en marchant, j’aime me perdre dans les ruelles, j’aime me promener dans la nature, j’aime découvrir de bonnes adresses. Je pense donc avoir fait les bons choix. Par nécessité, ensuite. Certaines destinations ne sont pas couvertes par les guides traditionnels en français. Alors, je découvre des guides anglophones moins utilisés par les voyageurs francophones tels que les guides Komshe Travel Guide ou Bradt pour la Bosnie-Herzégovine.
N’est-il pas plus intéressant aujourd’hui de se renseigner sur les blogs de voyage ?
Avec l’explosion des blogs de voyage (de qualité), la question se pose. La voix du blogueur est beaucoup plus personnelle et subjective. On sait (en tout cas on a envie de le croire) qu’il va nous conseiller des adresses, des endroits à visiter, des activités qu’il a testés et qu’il a appréciés ou pas. On sait aussi que les informations qu’il nous fournit sont à jour. Et puis, il y a l’histoire qu’il raconte qui nous fait rêver. Parfois, il nous donne envie d’aller voir nous aussi et de vivre un peu de cette expérience qu’il a partagée. Ou, au contraire, il oriente notre voyage en nous présentant franchement les choses qui l’ont déçues ou en nous faisant réfléchir sur le bien-fondé de certaines « attractions touristiques ». L’article sur la réserve de Fathala au Sénégal de NowMadNow en est un bel exemple. Les blogs me permettent de mieux préciser mon projet, de découvrir d’autres choses, d’orienter (un peu) mon voyage. Alors, ne doit-on se fier qu’aux blogs pour préparer son voyage ? Non, je ne pense pas. J’aime mélanger les informations glanées dans les guides et celles trouvées sur les blogs. J’ai l’impression (mais peut-être n’est-ce qu’une impression) de cette manière de me créer un voyage totalement sur mesure en fonction des mes aspirations, de mes attentes et des conseils d’autres voyageurs dont j’apprécie la personnalité et la plume.
Voyager avec un guide…
Voyager avec ou sans guide change le voyage. Je ne suis pas une inconditionnelle du voyage avec guide. Il est vrai que voyager avec un guide a un côté rassurant. On sait qu’on va y trouver tout de suite un endroit où dormir, un endroit où manger sans être malade. On va y trouver le bus qu’il faut prendre pour se rendre à un endroit reculé qu’il ne faut surtout pas manquer. On connaîtra les coutumes du pays afin de ne pas commettre d’impairs.
Ce que j’aime quand je voyage avec un guide, c’est d’aller aux endroits que le guide déconseille ou décrit comme étant sans intérêt. Alors, parfois, le guide a raison. Il vaut mieux passer son chemin. Et on se dit qu’on aurait dû suivre les conseils de l’auteur qui, lui, avait fait le déplacement, perdu son temps précieux et eu la gentillesse d’inviter ses lecteurs à ne pas perdre le leur. Par contre, c’est parfois aussi l’occasion de vivre des moments intenses. Ce fût le cas à Tarfaya. Une expérience inoubliable. Voilà ce que dit le guide :
« Etrange endroit : une mer vide, une côte parsemée d’épaves, un fortin rongé par la mer, des casernes décrépies, quelques bâtiments que le vent du désert recouvre inexorablement de sable ; désoeuvrement, attente sans objet, conciliabules mystérieux : tout ici évoque l’atmosphère du Rivage des Syrtes, de Julien Gracq. (…) dans les années 1920, ce fut Cap Juby, escale de l’aéropostale, immortalisée par Saint-Exupéry (…) Très vite, une impression d’hostilité latente vous mettre mal à l’aise. A franchement parler, si vous n’êtes pas un voyageur aguerri, amateur de réminiscences littéraires et de situations étranges, nous vous conseillons d’éviter cet endroit (…) » (Guide Voyager Pratique de Michelin).
Quand un auteur évoque de telles références littéraires et prévient de l’hostilité latente, il ne peut que titiller ma curiosité et mon côté tête de mule. Une fois sur place, l’atmosphère décrite est bien celle que l’on ressent. Une impression de vaine attente, de lente déchéance. Les rares personnes croisées attendent et semblent être là depuis une éternité. J’ai aimé m’arrêter là, observer la mer d’un bleu profond agitée, le fortin frappé par les vagues, le ciel bas et les nuages blancs et gris qui bourgeonnent et s’étirent, errer dans les rues vides et recouvertes de sable. J’y suis restée juste assez pour éprouver le malaise et ne pas tomber dans la dépression.
… ou sans ?
Toutefois, nos errances ferroviaires se font sans aucun guide en poche, sans aucune note, sans aucune réservation (mis à part l’Eurostar lors de notre errance Vers Belfast). Juste la carte des chemins de fer en Europe. Et nos envies. Le but de ces errances ferroviaires, comme je l’ai déjà expliqué dans « Instantanés d’une errance ferroviaire vers Syracuse », n’est pas de visiter le pays mais de prendre le train et d’aller vers des noms qui nous parlent ou à des bouts de ligne. Pas besoin de guide donc, la carte suffit. Lors de ces errances, nous découvrons les endroits que nous traversons avec un œil totalement vierge. Nous ne disposons d’aucune information ni d’aucun bon plan. On déambule dans les rues, le nez en l’air, on observe, on sent la vie. On suit notre instinct pour nous trouver de bons restaurants qu’on espère fréquentés idéalement par les locaux et des chambres pas trop pourries. On marche beaucoup pour trouver notre bonheur et, en général, ça marche. Nous n’avons pas connu beaucoup de situations regrettables. Même à Vukovar, arrivés tard le soir et sans aucune idée de l’endroit dans lequel nous tombions mis à part son passé douloureux, nous avons finalement trouvé un merveilleux endroit où loger. En allant me renseigner dans le seul Grand Hôtel de la ville, le réceptionniste a appelé pour nous un couple, Nikolai et Dominika, qui a une maison d’hôtes dans la ville. Il nous indique comme nous y rendre et nous découvrons des personnes charmantes et aux petits soins, un lit moelleux, une salle de bain digne d’un cinq étoiles et un petit-déjeuner gargantuesque. Le tout pour 50€, avec en prime une visite guidée de la ville le lendemain et la navette jusqu’à la gare d’Osijek. Un souvenir merveilleux et totalement inattendu. Nous avons parlé ouvertement avec Nikolai et Dominika de la guerre et des conséquences pour la ville et leurs familles. Peut-être qu’avec un guide, nous n’aurions jamais trouvé cette adresse. Voyager sans guide c’est un voyage à part, un voyage où on se laisse porter par nos sens, mais un voyage aussi où l’on part à la rencontre de l’Autre (ce célèbre Autre) pour lui demander l’endroit qu’il préfère dans son pays et s’il veut nous y accompagner, le meilleur restaurant de la ville selon lui ou le meilleur plat à goûter. Voyager sans guide c’est être plus ancré dans le voyage, c’est le vivre entièrement et pleinement. Alors, oui, on passe certainement à côté de choses merveilleuses et incontournables. Mais on découvre différemment. On a l’impression d’être (comme des gosses) des explorateurs.Le juste équilibre
Lorsqu’on voyage, il s’agit de trouver le juste équilibre entre les guides, les forums, les blogs, les rencontres et l’instinct, de trouver le mode de voyage qui nous convient. Emporter avec soi un guide n’implique pas nécessairement de l’utiliser en permanence. En voyage, je l’utilise généralement en cas de besoin. Ou bien, pour me renseigner sur les activités possibles et intéressantes avec des enfants. Ou encore, et surtout, pour les plans des villes, même si ceux-ci sont généralement fort succincts et induisent le voyageur confiant en erreur. Mais je laisse aussi la part belle à l’imprévu et aux rencontres. Je demande à chacune de mes rencontres ce qui lui semble incontournable dans son pays, ce que je ne devrais manquer pour rien au monde. J’établis ainsi mon itinéraire au gré des rencontres. En ce qui concerne les restaurants, j’aime déambuler et m’arrêter là où me le dit ma petite voix. C’est ce que j’ai fait vendredi dernier à Clermont-Ferrand. N’ayant pas de plan de la ville, ni aucune information, j’ai erré dans les rues sous la pluie et puis je suis tombée sur un restaurant marocain, La Tente berbère. Je me suis approchée, j’ai regardé s’il y avait du monde à l’intérieur et je suis entrée. Accueil chaleureux, décor sublime, assiettes magnifiques et tajine d’agneau aux abricots et amandes succulent. Quand je suis partie, plus aucune table n’était libre. Il paraît que c’est le meilleur restaurant marocain de la ville. J’ai eu le nez fin sur ce coup-là. J’en suis très heureuse.À la recherche d’un guide conçu pour les familles
Un guide pratique conçu pour voyager avec des enfants, je n’en ai pas encore trouvé. Il existe bien maintenant des guides pour les enfants pour des destinations plus classiques. Je les trouve très chouettes et souvent bien pensés. J’attends même avec un peu d’impatience que Sacha soit plus grand pour en découvrir quelques-uns. Lonely Planet a également publié un guide, Voyager avec ses enfants, qui donne des conseils pratiques et des idées d’activités pour 80 destinations qu’il considère adaptées aux familles. Ce guide est parfait pour bien préparer son voyage et trouver de quoi occuper ses enfants en fonction de leur tempérament. Mais, ce qui me manque, c’est un guide pratique avec des adresses kids-friendly, des propositions d’itinéraires adaptés aux enfants et des explications tant pour les petits que pour les grands. Peut-être qu’il existe déjà. En tout cas, je ne l’ai pas encore trouvé ce guide. Alors, je me renseigne sur les blogs de familles voyageuses où je trouve la plupart du temps de bonnes informations pratiques et des idées d’activités qui me semblent vraiment sympas.
Et vous, comment voyagez-vous ? Emportez-vous un guide ou préférez-vous vous laisser aller à la découverte intuitive ? Que pensez-vous des guides de voyage ? En auriez-vous des particuliers à me conseiller ?
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Les deux ! Parce que c’est bon de se perdre dans une ville, un endroit, sans passer des heures le nez dans son guide mais plutôt le nez en l’air et le regard sur ce qui nous entoure. Mais parce qu’il nous aide quand même considérablement à comprendre, appréhender, choisir.
De mon côté, j’utilise aussi de plus en plus les blogs en amont, et les guides une fois dans la rue. Mais je cherche aussi sans trouver des vrais guides famille. Soit ils sont orientés adultes, soit complètement enfants. Il faudrait un mixe des deux. Avec de bonnes propositions pour tout le monde, des adresses où il est facile de venir avec des enfants…
Anne@DesRoutesEtDesMots Articles récents…Regards croisés
On partage donc le même avis… Il est vrai que rester le nez plongé dans son guide lorsqu’on découvre une ville, c’est dommage et ça n’ouvre pas beaucoup aux découvertes et aux rencontres. Merci d’avoir partagé ton avis Anne.
Le juste équilibre.. je crois que c’est bien dit. Je ne pars jamais sans mon guide Lonely planet et il est un excellent complément aux blogs voyage et forum que je parcours avant et pendant mon voyage. Je trouve qu’aucun ne remplace un autre. Ils sont simplement des outils complémentaires dont j’aurais bien de la difficulté à me passer.
Rachel @ Blog voyage Découverte Monde Articles récents…Que faire à Bali et visiter en 8 coups de cœur
Merci… Pour nous, tout est une question d’équilibre et de libre choix. Le guide a quelque chose de rassurant sans être un impératif. Merci pour ton message Rachel.
Tout à fait Laurence, pas impératif, mais rassurant. Et personnellement, j’aime encore beaucoup me plonger dans un bouquin. Ca occupe bien aussi durant les longs trajets de transport. Et les sections sur la culture, l’histoire permet d’aller chercher un peu plus d’infos.
Rachel @ Blog voyage Découverte Monde Articles récents…Que faire à Bali et visiter en 8 coups de cœur
Lorsque je décide de partir en voyage et de plus en plus, je regarde d’abord les blogs, surtout famille maintenant, puis j’achète un guide. J’ai en horreur le Routard, donc c’est plus souvent le Lonely Planet. J’accumule les informations sur les sites et lieux à visiter et en fonction de la destination, je m’inspire de leurs conseils pour l’hebergement, ou au moins du quartier où chercher. Cependant je me souviens qu’au Vietnam et au Cambodge, si un bar ou resto avait une banderole « recommandée par le Lonely planet », alors j’avais tendance à le fuir justement! Et si je campe, je recherche les campings en fonction de leur emplacement (si possible loin de la route principale)
Le voyage est synonyme pour moins de moins de contrainte et plus de liberté, donc j’aime ne pas réserver mes hébergements, me faire surprendre par les lieux, l’ambiance, une rencontre, donc mes impressions, mes sensations sont aussi importantes que les conseils lus ou donnés!
Mais je suis d’accord qu’il manque des guides pour famille ou peut être au moins un chapitre un peu plus conséquent dans les guides classiques!! Certains blogs sont là pour combler le vide actuel mais perso, j’aime ne pas être connectée pendant mes vacances,
dgidgil Articles récents…D comme Dodo
J’utilise essentiellement les guides pour trouver de chouettes endroits où dormir et éviter les endroits déconseillés. Et pour manger quand je n’ai rien trouvé d’inspirant… Et comme toi, je n’aime pas réserver à l’avance en voyage. Tout dépend bien sûr du type de voyage ! Les blogs voyage avec enfants sont une excellente source d’informations. Mais, comme toi, je les lis avant le départ et pas trop pendant le voyage. Mais encore une fois, tout dépend de la durée du voyage. Merci pour ton commentaire dgidgil.
JE suis pour voyager à plusieurs moi ^^ je déteste partir seul, et j’ai tenté une aventure inédite de partir avec des inconnus sur un nouveau site de voyage, une plateforme qui met en relation des voyageurs dans but de les regrouper selon une thématique spécifique et partir ensemble pour réduire les coûts liés au frais de l’hébergement. je suis parti à cuba, et sincèrement, cuba j’en rêvais et j’ai été décu.. mais heureusement que je suis parti avec un groupe formidable ce fut une aventure humaine inoubliable ! mais vraiment des délirs quotidiens qui nous a permis de créer des liens forts, j’ai hâte de repartir ainsi ! c’est la meilleure expérience de ma vie, pourtant j’aime essayer de nouveaux concepts.