Impressions de Bilbao
Bilbao. Une ville au nom chantant. Une ville qui, pour je ne sais quelle raison, habitait également mon imaginaire et mes envies de voyage. Bilbao, un rendez-vous manqué en novembre 2010. Bilbao, enfin je te rencontre quelque 5 années plus tard. C’est surtout grâce à la marraine de Sacha. Elle a choisi d’habiter dans un joli village en bord de mer pas très loin de tes rues animées et de tes œuvres d’art. Elle et son mari nous ont emmenés à ta découverte dans leurs endroits préférés et nous ont raconté ton histoire, ton passé industriel et ta renaissance culturelle. Bilbao, tu m’as plu. Tes musées et ton architecture. Ton atmosphère et tes saveurs. Bilbao, je reviendrai sûrement car nous n’en avons pas fini toi et moi.
Bilbao et le Guggenheim
Emblème de la ville, tout le monde connaît le musée Guggenheim même sans avoir jamais mis les pieds dans la ville. Son bâtiment, œuvre de l’architecte Frank Gehry, en impose par sa beauté, ses courbes, ses matériaux, ses reflets, sa structure. Il envoûte presque le visiteur qui reste sans voix. Mais, il n’y a pas que le bâtiment qui laisse sans voix. Il y a toutes les œuvres d’artistes contemporains qui l’entourent dont Puppy – le grand chien fleuri de Jeff Koons gardien de l’entrée du musée, Tulipes – un bouquet de ballons colorés également de l’artiste Jeff Koons ou encore la Sculpture de Brouillard n° 08025 de Fujiko Nakaya, Maman de Louise Bourgeois et Grand Arbre et l’œil d’Anish Kapoor. Des créations contemporaines qui interpellent et interrogent.
Tout comme, les œuvres que l’on découvre dans le musée. La collection La Matière du Temps de Richard Serra nous a donné le tournis. Nous avons eu le mal de mer, nous avons quelque fois totalement perdu nos repères. Ces huit immenses sculptures en acier interrogent l’espace et le mouvement en faisant vivre l’expérience au visiteur. Nous avons adoré cet espace tout comme l’exposition Jean-Michel Basquiat. J’avais déjà vu une ou deux toiles de Basquiat mais je ne connaissais pas l’artiste ni même son œuvre. Une œuvre que j’ai trouvée complexe à aborder et pourtant ludique. Une œuvre qui m’a laissée quelque fois perplexe quelque fois intriguée quelque fois amusée quelque fois fascinée. Sacha a également été interpellé par certaines peintures de l’artiste qu’il qualifiait de « craboudjas ». Et oui, l’art contemporain, c’est aussi s’interroger sur ce qu’est l’art, essayer d’interpréter ce qui est présenté, se laisser porter par ce que l’œuvre suscite en nous que ce soit du rejet, de l’amusement ou de l’intérêt. Parfois, j’avoue que je ne comprends pas du tout. Que je reste dubitative devant certaines œuvres tant vantées par le milieu. Que je me demande qu’est-ce qui fait que tel objet est reconnu comme œuvre d’art mais pas tel autre. Pourquoi tel artiste est reconnu et pas tel autre ? Mais pour moi, ce qui importe, c’est ce que l’artiste arrive à susciter comme émotions et comme réactions chez celui qui regarde son œuvre. Et parfois, la production de certains artistes peut laisser les uns totalement indifférents alors que d’autres s’extasient. L’art, c’est personnel, c’est intime, c’est intuitif. Bilbao, tu m’as quelque peu réconciliée avec l’art contemporain.
Bilbao et son funiculaire
En fin de journée, Jean-François me propose de prendre un peu de hauteur pour admirer le coucher de soleil sur Bilbao. Et voilà que nous embarquons dans le funiculaire d’Artxanda qui fêtait en 2015 son centième anniversaire. Il part du quartier d’Arangoiti et grimpe au sommet du mont Artxanda. De là-haut, la vue panoramique sur la ville et les montagnes qui l’entourent est sublime. Surtout au soleil couchant ! On y découvre la ville ancienne et nouvelle, le Nervion qui la traverse tranquillement et son ancien bassin industriel réinvestit. C’est beau, c’est calme, c’est apaisant. Le soleil nous offre encore une explosion de couleurs avant de disparaître. Un instant magique que je savoure avec Sacha en jouant avec les formes de la sculpture de Juan José Novella, la Huella Digital. Cette sculpture, installée dans le parc Artxanda en mémoire du bombardement de la gare du funiculaire en juillet 1938, rend hommage aux victimes de la guerre civile espagnole et à l’engagement des républicains basques.
Starck à Bilbao
Bilbao a fait le pari de mettre la culture, l’art, le design et le vivre ensemble au cœur de la cité. L’Azkuna Zentroa en est un des exemples les plus représentatifs. Cet ancien entrepôt vinicole, construit en 1909 par Ricardo Bastida, a été entièrement transformé et repensé par Philippe Starck en un lieu de rencontres unique et vivant. La façade début de siècle cache un trésor contemporain fabuleux, réjouissant et ludique. Elle renferme trois blocs en briques soutenus par 43 colonnes. Chaque colonne est un exemplaire unique. Celles-ci symbolisent les cultures, les religions, les guerres, les architectures de l’histoire de l’humanité. Flâner entre les colonnes de l’Alhóndiga c’est vivre un voyage dans le temps et l’espace. Ces bâtiments dans le bâtiment central offrent un jeu de perspectives intéressant. J’ai aimé être spectatrice de ces lecteurs assis tranquillement avec un livre dans ces fauteuils placés juste devant les vitres et savoir que j’étais également le spectacle des ces mêmes lecteurs pendant que je les regardais. J’ai aimé me balader sous le sol transparent de la piscine située au dernier étage et voir les corps troublés par l’eau. J’ai aimé les reflets, le grand soleil, les jeux de lumière et de matière. J’ai aimé l’ambiance de ce lieu ouvert à tous qui rassemble culture, loisir et sport. Et j’aurais aimé pouvoir y retourner encore et encore. Quel endroit génial ! Il est possible d’aller nager dans une piscine sublime, puis d’emprunter quelques livres, de visiter une expo ou d’aller voir un film et enfin de terminer sa journée en allant manger un bout au restaurant. Qui dit mieux ?
Le Casco Viejo
C’est en compagnie de Dominique que nous découvrons le Casco Viejo, un des plus vieux quartiers de la ville fondée il y a plus de 700 ans. Situé sur la rive droite du Nervion, le Casco Viejo, ou les « Sept Rues », est un piétonnier agréable où se côtoient boutiques, bars, restaurants au bas de jolies maisons ou palais et autres monuments historiques aux styles architecturaux variés. Un cœur historique et commercial bien conservé, ou plutôt restauré suite aux terribles inondations qui détruisirent ce vieux quartier en 1983. J’ai passé mon temps la tête en l’air à découvrir les petites particularités sur les façades de ces vieilles demeures. Après un tour à la Plaza Nueva où l’on trouve des bars à pintxos, Dominique nous a emmenés manger les meilleurs churros de la ville dans un petit café tout proche du théâtre Arriaga et de l’église Saint-Nicolas, le Café Restaurante del Arenal. Nous les savourons avec un délicieux chocolat chaud bien épais. Un régal ! Bilbao, tu continues de m’émerveiller avec tes vieilles rues, tes petites douceurs et ton mélange des styles.
Le Musée des Beaux-Arts de Bilbao
Encore une très belle surprise que tu nous as réservé Bilbao ! Le Musée des Beaux-Arts, gratuit le mercredi, situé dans le parc Casilda Iturrizar, est un lieu où il fait bon flâner en fin de journée. Et comme j’aime beaucoup les anciennes affiches publicitaires et politiques, j’ai été attirée en ces lieux par l’exposition temporaire « Mensajes desde la pared » consacrée aux affiches issues de la collection même du Musée. En plus d’une présentation d’un procédé de fabrication des posters, le musée exposait plus de 200 affiches réalisées entre 1886 et 1975. Avec Sacha, nous avons parcouru les salles d’exposition nous arrêtant devant les affiches qui nous plaisaient le plus et, bizarrement, nous avons passé le plus de temps devant les affiches touristiques. Colorées et graphiques, elles donnent envie de partir directement vers ces destinations touristiques. Outre les affiches touristiques, l’exposition montrait des posters politiques, de guerre, publicitaires, de corridas et autres… Je leur ai trouvé un charme que l’on ne retrouve plus dans nos affiches publicitaires actuelles. Un charme qui fait sourire, qui ravit l’œil et fait voir le beau. Un charme qui donne envie. Après avoir fait deux fois le tour, n’arrivant pas à nous décider sur l’époque artistique que nous voulions découvrir, nous avons choisi une salle au hasard sur le plan : ce sera l’Art contemporain et les artistes basques. Là encore, nous nous laissons guider par nos yeux attirés par certaines œuvres étonnantes, par des couleurs ou des formes inspirantes. Nous jouons avec les perspectives en regardant les peintures et les sculptures sous divers angles. Nous passons un excellent moment à jouer et à rigoler. Oui, même les musées traditionnels d’art contemporain peuvent être abordés d’une manière ludique et adaptée aux enfants. Avant de quitter les lieux, nous nous installons à la terrasse du musée pour boire un verre en regardant les derniers rayons du soleil au travers des branches presque dénudées des arbres.
San Francisco à Bilbao
En fin de journée, Dominique nous fait découvrir un quartier très populaire qu’elle apprécie particulièrement : San Francisco. Sacha rêve d’une maison bleue. Et moi, du Golden Gate Bridge. Mais à Bilbao, San Francisco c’est un quartier très cosmopolite où se mêlent langues et cultures d’Afrique et d’Europe. Marcher dans les rues de San Francisco c’est voyager au travers des sons et des odeurs. Sur les murs, des graffitis colorent les rues grises. San Francisco, un quartier que l’on ne visite pas car il a une réputation sulfureuse : drogue, prostitution, pauvreté, criminalité. Et pourtant, nous y avons passé une soirée sympa dans un petit bar restaurant marocain à tenter de regarder le foot à la télé. Sacha discute avec tout le monde pendant que je savoure un excellent thé à la menthe. Oui, la précarité est bien visible et présente. La contestation s’exprime sur les murs. Et la vie y est comme une vibration. Un avant-goût d’Afrique.
Bilbao ou l’art du contraste
Deux jours à Bilbao c’est beaucoup trop peu pour découvrir tous les charmes de la ville. Une ville où l’art est partout ! Une ville de contrastes : ancien et nouveau, moderne et contemporain, richesse et pauvreté, bourgeoisie et classe ouvrière. Elle semble se relever d’une grande crise économique qui lui avait donné une image triste et sale après avoir été une des villes les plus riches d’Espagne. Les grandes friches industrielles sont revalorisées et les quartiers sont revitalisés grâce à une mise en avant architecturale bien réussie. Ce grand projet est une véritable réussite qui a inspiré de nombreuses autres villes, notamment Metz, Liverpool ou Mons. On appelle d’ailleurs ce phénomène de renaissance des villes industrielles l’Effet Bilbao. Bilbao tu m’as inspirée et donné le goût de revenir. Et, lors de notre prochain séjour à Bilbao, j’essaierai de trouver un hébergement sympa au cœur de la ville pour profiter pleinement de tes charmes et autres attraits. Après tes couleurs d’automne, je succomberai peut-être à ton ambiance d’été ! À suivre donc…
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Un avant-goût de Catalogne grâce au TBEX
Fin avril, je me suis rendue à Lloret de Mar sur la Costa Brava pour assister à mon premier TBEX (Travel Blog Exchange) qui s’y tenait du 30 avril au 2 mai. De nature curieuse, je m'étais inscrite à ce salon afin d’en savoir un peu plus sur le monde du bloguing...
Bonjour,
bravo pour votre superbe site internet…
Et je me rends compte, il faut que je retourne à Bilbao…
J’étais trop jeune pour apprécier…