Une photo, une histoire #8 : En train vers Naples, Italie
Ah les trains ! Encore une grande histoire d’amour ! J’aime le mouvement. J’ai besoin de me sentir en mouvement. Marcher et respirer profondément, rouler en voiture et me perdre sur des routes improbables, me déplacer en train et voir le paysage défiler en rêvassant ou y observer la vie. Le train est bien plus pour nous qu’un mode de déplacement entre deux points. Le train est le voyage en lui-même. Lorsque nous réalisons nos errances ferroviaires, nous prenons le train vers un lieu qui habite notre imaginaire depuis de longues années. Mais ce n’est pas tant la destination qui compte que le chemin que nous parcourons. Nous aurons été vers Varsovie et n’y serons restés que 3 heures avant de reprendre le train pour aller au bout de la ligne, à Zakopane. Nous aurons été vers Belfast mais n’y serons restés qu’une nuit. Nous passons donc de longues heures dans les trains ou sur les quais. Nous passons notre temps à y observer la vie, à prendre des photos, à lire, à écrire et à rencontrer les gens. Et quand nous ne voyageons pas en train, nous allons photographier les gares. J’avais envie de partager avec vous ce mois-ci un instant de vie ferroviaire et vous avez décidé d’embarquer pour un long trajet vers Naples depuis Messine.
Cette photo a été prise par Joël lors de notre dernière errance ferroviaire Vers Syracuse, en août 2014. Après quelques jours passés en Sicile dont une journée dans le Circumetnea – le train qui fait le tour de l’Etna, il est temps pour nous d’entamer notre remontée pour rentrer en Belgique. Sauf que, en août, les trains qui remontent de Sicile et du Sud de l’Italie sont bondés et aucune réservation n’est possible. Les vacances sont finies et tout le Sud de l’Italie semble retourner dans les grandes villes plus au nord. Nous montons donc dans le train à Messine, sans avoir de places réservées. Et nous ne sommes pas les seuls ! Nous attendons cependant d’avoir fini la traversée du détroit avant de chercher les strapontins qui accueilleront nos postérieurs. Nous préférons nous installer sur le pont et regarder s’éloigner cette île qui nous a émerveillés par ses saveurs et ses couleurs en nous promettant d’y retourner. Il est tôt et il fait déjà chaud. Si la brise nous a fait apprécier cette douce chaleur, le wagon dans lequel nous trouvons deux strapontins ressemble davantage à un sauna. Les compartiments quant à eux disposent de la climatisation. Nous nous posons et regardons avec envie les gens bien installés et au frais, les familles prévoyantes munies de bouteilles d’eau et de sandwiches, alors que nous suons à grosses gouttes, économisons notre eau, mangeons nos raisins écrasés et tentons de trouver une position confortable pour les 5 heures que dure le trajet. Pourtant, nous sommes heureux de vivre ce moment-là. D’être là dans un train en Italie, d’avoir très chaud, d’être mal assis, de devoir nous lever toutes les 5 minutes pour laisser passer quelqu’un. Je me sens vivante. Je regarde les autres filles assises un peu plus loin. Elles lisent comme moi. On se sourit quand on relève la tête pour se détendre la nuque. Joël se promène dans les wagons, parle avec les gens et prend quelques photos. Les filles descendront à Naples. Nous poursuivrons notre route, bien installés cette fois dans un compartiment vide, climatisé et confortable. Assommés par la chaleur, le roulis du train nous bercera jusqu’à notre arrivée à Rome.
Les voyages en train nous font rêver. Ils nous font vibrer. Chaque errance reste gravée en nous comme un rêve. Nous sommes impatients de vivre la suivante. Mais où nous mènera-t-elle ? Nous n’en avons encore aucune idée… Téhéran ? Casablanca ? Bodo ? Mourmansk ? Athènes ? Ou le tour de la Suisse ?
Episodes précédents : #1 Chinguetti en Mauritanie, #2 Syracuse en Italie, #3 Vila Praia de Ancora au Portugal, #4 Pula en Croatie, #5 Sur les hauteurs de Hotton en Belgique, #6 Sur la route vers Agadir, Maroc et #7 Cochon d’Alsace, France.
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