Que faire en cas de #2 : Les infections gastro-intestinales

par | 22 Fév 2016 | Santé en voyage

Pour ce deuxième chapitre, nous allons principalement aborder un des grands classiques des problèmes de santé rencontrés par les voyageurs.

Catégories générales des problèmes médicaux. Risques sanitaires

Catégories générales de problèmes médicaux ayant affecté un panel de 835 voyageurs
Source des chiffres : Internationnal expedition and travel medicine association of UK (2013)

En effet, les statistiques de problèmes sanitaires listés par ordre décroissant classaient, et de loin, les maladies gastro-intestinales sur la plus haute marche du podium de ce qui arrive aux voyageurs. Fort heureusement, la plupart du temps, ces troubles gastriques ou intestinaux causent plus de désagréments qu’ils ne sont dangereux. Cependant, chez les petits ou les plus fragiles, les conséquences peuvent vite s’aggraver si l’on ne prend pas quelques mesures simples, mais indispensables. Vu le taux de probabilité de cette problématique, ce sujet fait donc partie des good-to-know pour tout voyage ou expédition.

D’un point de vue général, c’est quoi une infection ?

Les infections courantes telles que les refroidissements et la myriade d’infections virales mineures et passagères que l’on peut attraper chez soi, à la maison, sont évidemment possibles à l’étranger. Notez que toute fièvre survenant en zone tropicale peut être un signe d’une infection potentiellement dangereuse comme la malaria, on en reparlera dans un chapitre spécialement consacré aux infections des zones tropicales. Rassurez-vous, les infections exotiques graves et généralisées sont toutefois plutôt rares.

Des maladies infectieuses comme le VIH ou l’hépatite B, que l’on peut également contracter dans nos villes, sont plus courantes dans certains endroits du monde, mais peuvent être évitées en prévenant l’exposition ou par une vaccination efficace (dans le cas de l’hépatite B).

Beaucoup d’infections, dont certaines sont sérieuses et occasionnellement même mortelles, peuvent être prévenues par une vaccination préalable au départ. Cette mesure inclut l’hépatite A et B, la polio, la diphtérie, le tétanos, la typhoïde, la fièvre jaune, l’encéphalite japonaise, la méningo-encéphalite à tiques, la rage et la méningite à méningocoque (nous parlerons des vaccinations dans un chapitre futur).

Autre infection : la diarrhée (gastroentérite), que l’on peut attraper sous nos latitudes, est encore plus fréquente en voyage du fait que les standards d’hygiène relatifs à la nourriture sont généralement moins stricts. Il est certain que nos contrées occidentales habituent nos organismes à l’ingestion d’aliments soumis à des normes sévères de conservation et de transport, une alimentation presque ‘stérile’ !

La diarrhée, ce désagrément bien connu du voyageur

À en juger par la richesse du vocabulaire courant – avoir la chiasse, la coulante, la va-vite, la tourista, pour n’en citer que quelques-uns, les voyageurs n’ayant jamais expérimenté la diarrhée du voyageur sont rares.

La diarrhée du voyageur est extrêmement commune et il est très probable qu’elle touchera, dans une certaine mesure, la plupart des voyageurs au long cours en pays tropical. Des statistiques révèlent qu’elle concerne plus de 27% de voyageurs en Afrique et plus de 8% de voyageurs en Amérique du Nord, pour ne citer que ces 2 zones. En fonction des zones visitées, des conditions de voyage et de la durée de séjour, ces taux peuvent atteindre 51% des voyageurs atteints.

Ce qui signifie donc qu’en fonction du contexte, 1 voyageur sur 2 connaîtra un épisode de diarrhée plus ou moins sérieux lors d’un voyage au long cours.

On définit la diarrhée comme étant plus de 3 selles liquides ou pâteuses par jour. Plus sérieuse, la dysenterie, quant à elle, est définie par la présence de sang dans les selles. Le choléra et autres diarrhées graves tuent par déshydratation, il est donc évident que le remplacement scrupuleux des fluides perdus au cours d’épisodes diarrhéiques sérieux sauve des vies.

Une modification dans la nature des selles peut être causée par un changement alimentaire ou le stress lié aux changements dus au voyage, tandis que la diarrhée infectieuse est causée par l’ingestion d’aliments ou d’eau contaminés par un agent pathogène. Il est clair que s’il était possible d’avoir en voyage une hygiène des mains parfaite et la possibilité de faire cuire, bouillir ou peler tout ce que nous consommons, la diarrhée du voyageur pourrait être davantage évitée. Cependant, dans la réalité, que ce soit à bord d’un train dans le fond Rajasthan, ou attablé à un maquis nigérien, nous savons que ces standards sont impossibles à atteindre et qu’on ne peut pas avoir un contrôle total sur la préparation de nos repas par d’autres. Puisque refuser de s’intéresser à de nouvelles cuisines, de prendre des repas locaux en rue ou au restaurant diminuerait fortement la richesse de l’expérience en voyage, la plupart des voyageurs doivent accepter la gastroentérite (diarrhée) comme un risque calculé. La plupart des cas de diarrhée du voyageur sont causés par des souches d’Escherichia coli (E. Coli) (un composant normal des selles) qui produit une toxine. Cette toxine contrarie le passage normal des électrolytes et de l’eau à travers la paroi intestinale et de ce fait cause la diarrhée. Les locaux, quant à eux, sont probablement immunisés contre l’infection.

Que faire en cas de gastroentérite ?E. Coli (Escherichia coli) cause des crampes et des douleurs intestinales, de la diarrhée, une perte d’appétit et parfois des nausées et des vomissements. C’est une infection auto-limitée, ce qui signifie qu’elle disparaitra d’elle-même, sans traitement, après 24-48 heures. Les infections gastriques virales vont avoir les mêmes symptômes et une durée passablement identique. D’autres infections peuvent causer les mêmes symptômes, mais pour une durée prolongée et, même si également auto-limitée, peuvent toutefois se révéler plus sérieuses et persistantes.

 

Causes et symptômes de la diarrhée

Cause Durée usuelle de la maladie Symptomes Traitement antibiotique
E.coli 24-48 heures Diarrhée, douleurs abdominales, perte d’appétit Ciprofloxacine
Virus 24-48 heures Diarrhée, douleurs abdominales, perte d’appétit Pas d’antibiotique
Campylobacter 2-10 jours Diarrhée, douleurs abdominales, perte d’appétit, occasionnellement présence de sang dans les fécès Ciprofloxacine
Salmonella 2-7 jours Diarrhée, douleurs abdominales, perte d’appétit, occasionnellement fièvre Ciprofloxacine
Shigella 2-10 jours Diarrhée explosive, douleurs abdominales, perte d’appétit, apathie, sang dans les fécès (cas sévère) Ciprofloxacine
Giardia 3-14 jours Diarrhée, douleurs abdominales, perte d’appétit, flattulences, ballonnements Metronidazole
Entamoeba 3-14 jours Diarrhée d’intensité diverse, sang dans les fécès Metronidazole
 

Prévention des infections gastro-intestinales

Presque la totalité des organismes infectieux est transmise de la même manière : par l’eau et la nourriture contaminées. Pour contaminer, les matières infectées doivent être ingérées. La diarrhée peut donc être prévenue par une attention rigoureuse en veillant à appliquer des règles d’hygiènes strictes lors de la préparation et la manipulation des aliments, ainsi que pour la stérilisation de l’eau. Cela revient à dire que préparer soi-même sa nourriture et son eau est le meilleur moyen de prévention de la gastroentérite.

Les situations ou les aliments suivants sont un risque potentiel et devraient idéalement être évités :

  • Coquillages et fruits de mer. Ils sont de vraies éponges à bactéries. Ils doivent être bouillis au minimum 8 minutes pour être rendus sûrs
  • Salades, légumes et fruits crus (utilisation fréquente d’excréments animal ou humain comme fertilisant)
  • Viande (inclus la volaille insuffisamment cuite) et poisson crus. Ces aliments peuvent être à haut risque de contamination parasitaire
  • Buffets où la nourriture est laissée à l’air libre (particulièrement dans les pays chauds)
  • Nourriture sur laquelle les mouches se sont posées
  • Nourriture stockée et réchauffée après préparation
  • Sauces pimentées et sauces laissées sur la table
  • Aliment manipulé par d’autres personnes avec des doigts sales
  • Produits laitiers et crèmes glacées
  • Nourriture contenant des œufs crus (p.ex. mayonnaise)
  • Jus de fruits préparés par les vendeurs de rue
  • Glaces et glaçons
  • Eau de distribution (robinet), même pour se brosser les dents
  • Hospitalité. Si l’on vous sert de la nourriture à risques, excusez-vous et refusez poliment.

Les aliments suivants sont quant à eux généralement sûrs :

  • Aliments frais directement cuisinés et servis chauds
  • Fruit pelé ou découpé par vous-même (banane, melon, papaye, avocat)
  • Pain fraîchement cuit
  • Aliment emballé sous vide ou en conserve
  • Boissons embouteillées, ouvertes en votre présence, les plus sûres étant les boissons gazeuses
  • Eau bouillie, thé et café
  • Si rien ne vous semble sûr, demander un paquet de chips, une omelette préparée devant vous, des œufs bouillis ou autre plat qui ne peuvent être préparés que minute avec des aliments naturellement emballés

Dans son document sur la prévention des infections l’Organisation Mondiale pour la Santé (OMS) a émis ses “10 règles d’or pour une préparation sûre des aliments” :

  1. Que faire en cas de gastroentérite ? PréventionChoisir des aliments propices à la sécurité alimentaire
  2. Cuire les aliments à fond, en profondeur
  3. Consommer les aliments dès que cuits
  4. Stocker les aliments préparés précautionneusement et en respectant la chaîne du froid
  5. Réchauffer les aliments cuits à fond
  6. Éviter le contact entre les aliments crus et cuits
  7. Se laver régulièrement les mains
  8. Tenir méticuleusement les endroits de préparation propres
  9. Protéger les aliments des mouches, rongeurs et autres animaux
  10.  Utiliser de l’eau saine

Médicaments pour la prévention de la diarrhée

Il n’y a pas de traitement préventif efficace. La prévention est uniquement possible par une hygiène rigoureuse et une discipline.

Plusieurs médicaments sont proposés pour la prévention, mais aucun ne s’est avéré efficace. Les défenseurs de la prise de traitement médicamenteux préventif argumentent leur position par le fait que les précautions sont difficiles à appliquer sur le terrain et que, de plus, elles ne fonctionnent pas tout le temps. Le point de vue opposé est que l’usage de ces médicaments préventifs peut s’avérer délétère sans pour autant apporter une protection complète et font que les voyageurs sont plus enclins à s’exposer aux risques pensant erronément qu’ils sont protégés contre les maladies.

Le bismuth subsalicylte (Pepto-Bismol®) est une substance populaire aux USA et vendue pour réduire l’incidence de la diarrhée du voyageur. Il faut rester prudent avec ce médicament en vente libre dans certains pays et le prendre en doses substantielles. Si vous optez pour son usage, notez qu’il peut provoquer une langue noire et granuleuse, ainsi que des selles noires. Certains conseillent d’utiliser en traitement préventif des antibiotiques du groupe des quinolones (p.ex. la Ciprofloxacine). Cependant, ces médicaments sont onéreux, leur prise n’est pas sans risque et peut rendre plus difficile le diagnostic ainsi que le traitement d’une éventuelle maladie qui surgirait malgré la prise de cet antibiotique.

La chemoprophylaxie (prévention par la prise de médicaments) n’est donc pas recommandée.

Traitement de la diarrhée

La plupart des cas de diarrhée du voyageur vont évoluer favorablement sans traitement et assez rapidement, cependant la réhydratation est toujours importante.

Réhydratation

Que faire en cas de gastroentérite ? Réhydratation (ORS)C’est assurément l’aspect le plus important du traitement, particulièrement dans un milieu tropical, et d’autant plus si le souffrant n’est pas encore acclimaté à la chaleur, car dans de telles circonstances la perte liquidienne peut être considérable et avoir des conséquences graves. Les enfants et les personnes âgées ont le plus de risques suite aux conséquences d’une déshydratation. Pour ces malades, la réhydratation doit être une urgente priorité. Les adultes sains souffrent rarement d’une déshydratation sévère des suites d’une diarrhée, mais elle n’est pas à négliger. Une personne correctement hydratée va guérir plus rapidement .

Le moyen le plus rapide et le plus efficace pour remplacer des fluides perdus est la réhydratation orale avec des Solutés de Réhydratation Orale (SRO). Elles sont largement disponibles dans les pharmacies du monde entier et se présentent sous forme de sachet de poudre à diluer dans un certain volume d’eau sûre. Les marques les plus connues de Soluté de Réhydratation Orale (SRO) sont :

  • Boots Diareze Oral rehydration powder (Boots®)
  • Oralyte®
  • Dioralyte®
  • Rehidrat®
  • Electrolade®

Voici cependant une recette facilement réalisable et aussi efficace pour les contextes dégradés ou austères :

Dans 1 litre d’eau bouillie, ajouter :

4 cuillères à café de sucre (blanc ou brun) ou de miel

2 cuillères à café de sel

1 jus de citron (Potassium)

Boire 200 à 400 ml (1 à 2 verres) de la mixture après chaque passage aux toilettes.

Ou, comme moyen alternatif, utiliser l’eau de cuisson du riz, dans les mêmes proportions.

Médicaments pour le traitement symptomatique de la diarrhée

 

Que faire en cas de gastroentérité ? Traitement symptomatique de la diarrhéeLes anti-diarrhéiques tels que la lopéramide(Imodium®) sont largement suggérés et utilisés pour traiter les cas de diarrhée du voyageur.

Ces médicaments ne traitent que les symptômes en réduisant la motricité intestinale et donc l’avancée des selles. Elles ne vont pas nécessairement faire que le malade se sente mieux et ne traitent pas l’infection. Il n’est pas recommandé de faire un usage systématique de ces médicaments en cas de diarrhées. Au contraire, leur usage devrait se limiter aux situations de voyage spécifiques telles que : l’accès difficile ou irrégulier aux toilettes, si vous devez rester assis dans un moyen de transport (avion, bus,…) pendant plus de 4 heures. En effet, dans ce type de cas, ces médicaments deviennent alors indispensables.

   

Le Que faire en cas de gastroentérité ? Traitement symptomatiquemédicament le plus efficace pour contrôler les symptômes de la diarrhée est la lopéramide (nom générique : c’est par ce nom qu’il convient de le demander à n’importe quel pharmacien dans le monde, car si il/elle a réellement appris la pharmacologie,  en entendant ce mot – lopéramide, idem en anglais – il/elle situera immédiatement quel médicament vous souhaitez acheter, et ce peu importe sous quel nom – ex. : Imodium® – il est commercialisé dans le pays où vous évoluez. Veillez donc à connaître ou noter les noms génériques des médicaments les plus courants et particulièrement ceux que vous utilisez fréquemment). Souvenez-vous, et c’est important, que la prise de ces anti-diarrhéiques ne traitera en rien l’infection sous-jacente. La lopéramide ne devrait pas être utilisée chez les enfants, c’est toutefois un médicament largement considéré comme sûr. Certaines réserves théoriques basées sur le fait que la prise de ce médicament aurait un effet sur la prolongation de l’infection sont parfois émises. Cependant plusieurs études ont démontré que ces peurs étaient infondées.

La dose de base de lopéramide est une prise de 2 gélules de 2mg à la première prise suivie d’une gélule de 2mg lors de chaque selle liquide.

Parmi les autres médicaments utilisés dans le traitement symptomatique de la diarrhée, on trouve le Lomotil® qui est une combinaison de chlorhydrate de diphénoxylate – un opiacé ralentisseur du transit intestinal – et de sulfate d’atropine (seulement présent pour éviter l’abus de Lomotil® et qui a comme effet secondaire une bouche sèche et des maux de tête). On peut également trouver le phosphate de codéine. Ces deux médicaments ont des effets constipant et aucun des deux n’a de réels avantages sur la lopéramide.

Médicaments pour le traitement de l’infection

La diarrhée du voyageur provoquée par E.coli est limitée dans le temps et se règle généralement d’elle-même en 24-48 heures. Celles provoquées par salmonellose, shigellose et campylobacter peuvent être plus sévères et prolongées.

Que faire en cas de gastroentérite ? Le problème est que, en l’absence d’une analyse laboratoire et d’un diagnostic immédiats, il est impossible de savoir par quoi on a été infecté et si l’on va aller mieux en quelques jours ou si la maladie va persister plus longtemps. Principalement pour cette raison, amplifiée par le contexte dans lequel vous voyagez, et aussi par le fait que même juste 24 heures passées en alternant passage aux toilettes et retour au lit, couché, en se sentant au bout de sa vie, est à éviter au maximum, cela vaut parfois la peine de prendre 500mg de Ciprofloxacine (Cipotax®) aussitôt que les premiers symptômes de gastroentérite sont ressentis. Autrement dit, dès les premières crampes intestinales aiguës suivies quasi immédiatement de selles très liquides et fréquentes, ainsi que d’une absence d’appétit. La Ciprofloxacine est un antibiotique et doit être utilisée avec précautions chez les personnes sujettes à l’épilepsie, ou avec des problèmes de foies ou de reins, en cas de grossesse, en cas de déshydratation ou chez les enfants. Bien évidemment, demandez conseil au pharmacien ou au docteur quand ils sont disponibles. Dans beaucoup de cas, une dose unique va stopper immédiatement l’infection. Si les symptômes persistent, continuez avec la Ciprofloxacine (500mg), 2 fois/jour durant 3 jours. Couplez ce traitement avec une réhydratation importante.

En cas de dysenterie amibienne (diarrhée avec sang), le médicament préconisé sera le Tinidazole (500mg durant 3 jours) suivi par une prise de Furamide (Amicline®) 500mg, 3 fois/jour durant 10 jours.

Si on suspecte une infection due à la Giardia (douleurs abdominales, ballonnements, flatulences et diarrhées), il est alors conseillé de prendre une dose unique de 2g de Tinidazole. Si le Tinidazole devait ne pas être disponible, une alternative raisonnable pour le traitement et de la dysenterie amibienne et de la giardiase est le Metronidazole (Flagyl®) : prendre 400mg, 3 fois/jour durant 5 jours.

Durant ces traitements (Tinidazole ou Metronidazole), l’ingestion d’alcool devrait être évitée.

Quand consulter un médecin ?

Les symptômes qui devraient vous pousser à vous rendre rapidement chez un docteur sont :

  • Une température corporelle supérieure à 40°C
  • Une fièvre significative de plus de 48 heures
  • Une diarrhée sévère avec des difficultés pour garder les fluides et les sels de réhydratation
  • Une diarrhée avec présence de sang dans les selles

En plus d’une visite médicale, des tests laboratoires pourront également être nécessaires.

La diarrhée persistante

La cause la plus courante de diarrhée persistante après le retour à la maison ou dans vos conditions de vie (hygiène et alimentaire) habituelles est la giardiase.

Les autres causes sont la cryptosporidiose et la cyclosporose. En cas de doute ou de soucis, des tests laboratoires peuvent valoir la peine et sont de toute manière indispensables pour exclure toute autre cause possible. Il est à noter que parfois même avec des résultats d’analyses négatives, on ne peut toutefois pas exclure la possibilité d’une giardiase. Si les symptômes sont convaincants, un traitement sur présomption, à base de Tinidazole, comme décrit plus haut, pris sous surveillance médicale pourrait être utile.

Une autre cause importante de la diarrhée persistante est l’intolérance au lactose. Ce n’est pas une infection, mais un problème qui résulte des dégâts faits aux parois de l’intestin grêle suite à un ou plusieurs épisodes sévères de gastroentérite. Dans ce cas, le lactose – nom donné au sucre présent dans le lait et tout autre produit laitier (yaourt, fromage, etc.) – devient difficilement digeste et part alors dans un processus de fermentation. Ceci peut provoquer des symptômes similaires à ceux de la giardiase. Il n’y a pas de manière rapide ou facile de confirmer le diagnostic. Il faut exclure toute cause infectieuse par des examens biologiques et complètement éliminer le lactose de l’alimentation. On parle dans ces cas de ne plus consommer de lactose pendant une durée d’au moins 6 mois.

Gastroentérite en voyage : un plan simple de gestion des symptômes

SYMPTÔMES :

Diarrhée

Souvent avec des crampes abdominales douloureuses

Nausée, perte d’appétit

Assurer une bonne réhydratation orale

Soluté de Réhydratation Orale (SRO), eau de cuisson de riz

La plupart des cas de diarrhées du voyageur guérissent d’eux-mêmes dans les 48 heures environ

Une dose unique de 500mg de Ciprofloxacine prise au moment de l’apparition des symptômes peut suffire à régler la situation

Si les symptômes persistent, continuer la Ciprofloxacine toutes les 12 heures pendant 3 jours, Réhydratation (SRO)

Loperamide (Imodium®) est utile pour le traitement des symptômes

Utile pour réduire la fréquence des selles et le besoin de réhydratation (à utiliser pour les déplacements de préférence)

Si la diarrhée persiste, cela peut être une infection à protozoaires – Giardia ou Entamoeba (dysenterie amibienne)

Prendre 2g de Metronidazole, 1 fois/jour durant 3 jours

Réhydratation (SRO)

Que faire en cas de gastroentérite ? Réhydration (ORS)

Pour conclure

La plupart des voyageurs l’a déjà connu et la connaîtra encore : la gastroentérite est souvent bénigne et normale en voyage. En effet, des aliments différents, couplés à leurs conditions de préparation et de conservation, des situations modifiant notre équilibre habituel ont vite fait de fragiliser l’équilibre subtil du biotope de notre flore intestinale, pouvant ainsi provoquer une gastroentérite. L’important sera de limiter l’usage des anti-diarrhéiques (type Imodium®) aux situations où c’est indispensable et de veiller à bien réhydrater le malade. Si vous êtes amené à voyager loin de toute aide médicale, emporter médicaments et SRO (solutés) conditionnés dans des sachets plastiques zippés avec le plan décrit ci-dessus.

Dans le prochain chapitre, je vous parlerai de comment prévoir et gérer les traumas, troisième cas médical en terme de fréquence de ce qui peut arriver en voyage. Les entorses et fractures sont effectivement courantes, d’autant plus dans le cas des expéditions, voyages à caractère sportif ou aventureux. Qu’emporter ? À quoi veiller ? On en parle dans un prochain article.

Bons voyages.

Stay safe, sharp and ready !

 Joël (Medic pour Régions Isolées)

  1. Le risque sanitaire en voyage (statistiques, vigilance, préparation)
  2. Les problèmes gastro-intestinaux
  3. Les traumas
  4. Les plaies simples et graves
  5. Problèmes médicaux généraux (Malaises)
  6. Problèmes liés à l’environnement (Pollution, eau, froid, chaleur, soleil, foudre, altitude)
  7. Insectes, animaux venimeux et empoisonnement
  8. Problèmes dermatologiques
  9. Les infections tropicales (Malaria, dengue, hépatites)
  10. Problèmes dentaires
  11. La pharmacie et la trousse de premiers soins
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