Alors, c’était comment 2017 ?
Le mois de janvier vient de s’écouler et je n’ai toujours pas pris le temps de mettre par écrit tout ce qui s’est passé dans cette année si différente et assez inattendue. Elle a vu la concrétisation de plusieurs rêves et, pourtant, elle a été moins riche en découvertes et en voyages. Retour donc sur une année en demi-teinte et pleine de changements (encore).
Le Grand Voyage de l’année : L’Afrique du Sud et le Lesotho
Le voyage qui a le plus marqué notre année est indéniablement notre long séjour en Afrique du Sud et notre road trip au Lesotho. Ces pays, si souvent rêvés et désirés, me semblaient totalement inaccessibles. Jamais je n’aurais cru que j’y passerais autant de temps. Et pourtant, nous y sommes restés près de 3 mois. Un voyage particulier toutefois, puisque Joël y était pour des raisons professionnelles. Nous avons donc séjourné pendant 6 semaines à Benoni, située à une trentaine de kilomètres de Johannesburg. 6 semaines étranges et particulières, une sensation de malaise, une confrontation à une réalité que je pensais seulement exister à présent dans les livres d’Histoire, une foule de questions, un ressenti pour lequel je cherche encore les mots justes, un quotidien installé et des habitudes prises. Après ces 6 semaines, nous avons pris le train pour descendre jusqu’au Cap. C’était là le seul impératif lors de ce voyage en Afrique du Sud. Bien sûr, nous rêvions de visiter le parc Kruger ou d’autres réserves pour voir les grands animaux de la savane mais, nous avons décidé de ne pas y aller. Je prendrai le temps de revenir plus en détails sur notre parcours et nos impressions en Afrique du Sud et au Lesotho dans de prochains articles. Malgré la beauté de ses paysages et l’énergie du Cap, l’Afrique du Sud a été une expérience troublante et déstabilisante. Je me suis sentie beaucoup mieux au Lesotho, un road trip que j’ai vécu comme dans un rêve éveillé, une plongée dans un film. Les expériences que nous avons vécues ont été riches et intenses comme croiser une famille de babouins dans les montagnes du Drakensberg et faire un détour pour ne pas fâcher les mâles, s’approcher de très près de zèbres en liberté, croiser un guépard, se remarier au Cap de Bonne-Espérance, se baigner dans une piscine naturelle, monter à cheval au Lesotho, … Nous en gardons des étoiles pleins les yeux et savourons la chance que nous avons de vivre de tels moments.
Entre la France et la Belgique
Le reste de l’année s’est passé essentiellement entre la France et la Belgique : Paris, Bruxelles, Digne-les-Bains, Besançon, Metz, l’Alsace encore et toujours, la Vendée, la Bretagne, l’Ardenne belge, Ostende, Chamonix et Namur. Nous avons toutefois fait une escapade en Italie où nous avons découvert la très jolie ville de Turin et encore profité de Milan.
En Belgique
En France
En Italie
Fin de la vie nomade ?
Après deux ans de vie nomade, nous avons posé nos valises (temporairement) à Namur pour assurer la sortie de notre livre Chronique d’un départ et répondre à une demande de Sacha. Je n’envisage pas cette pause comme la fin de notre vie nomade car nous sommes incapables de rester très longtemps au même endroit. Mais, nous avons envie de vivre cette vie différemment. Alors que Joël travaillait essentiellement en Afrique, j’étais souvent seule en Europe. Des petits soucis familiaux, la sortie du livre, la demande de Sacha, le lancement de notre maison d’édition et la fatigue font que j’ai eu envie de ralentir le rythme et de me poser dans un endroit confortable, facile et encore inconnu. Déménager toutes les semaines ou tous les mois et assurer la logistique que cela implique tout en travaillant sur ses projets et en s’occupant d’un enfant seule est épuisant et ne rencontrait pas les aspirations que je cherchais en décidant d’embarquer dans cette vie nomade. Nous avons décidé de nous poser pour des périodes un peu plus longues et de prendre le temps de découvrir une région, de nous installer, de travailler et de préparer la destination suivante. Donc, oui, nous sommes posés pour quelques mois encore à Namur. Mais, non, notre vie nomade n’est pas terminée. Elle prend juste un autre rythme.
Sacha et l’école
En raison de notre mode de vie et de mon côté ours, nous étions fort isolés et Sacha passait la plus grande partie de son temps uniquement en ma compagnie. Vers le mois d’avril, il avait émis l’envie d’aller dans un club pour rencontrer d’autres enfants et son envie s’est faite plus pressante les mois passants. Je n’avais jamais imaginé qu’il veuille aller à l’école et je ne conçois pas qu’il aille dans une école traditionnelle. Mais, nous sommes une famille et il est essentiel d’écouter les besoins de chacun. Alors, comme de toute façon, nous devions rester en Belgique, j’ai cherché une école alternative. Une école qui respecte Sacha, son mode de vie et ce qu’il est. Une école qui développe son autonomie et sa curiosité. Nous l’avons inscrit à l’école démocratique de l’Orneau, à Lonzée. Il s’y est fait des copains et découvre la vie en communauté. Par contre, il me parle très peu de ce qu’il y fait et je le trouve très fatigué et parfois frustré. Il oscille bien souvent entre l’envie de retrouver son rythme, sa liberté, le voyage, les activités que nous faisions ensemble et celle de jouer avec ses copains et de participer aux activités de son école. Pour ma part, c’est un énorme changement. Je dirais même un bouleversement. Je me suis retrouvée embarquée dans un rythme et un mode de vie qui ne me conviennent pas et entièrement seule. J’ai dû apprendre à lâcher-prise, à accepter de ne plus passer la plus grande partie de mon temps avec mon enfant et de le retrouver uniquement quand il aspire juste à jouer tout seul et/ou quand il est difficile, à ne plus avoir une vie riche et stimulante. Quand il n’allait pas à l’école, nous allions souvent à des expositions, dans des musées, à des spectacles, au cinéma. Nous allions marcher, passer des heures dans la nature, découvrir de nouveaux endroits. Nous lisions des magazines et des livres. Nous faisions des bricolages, regardions des documentaires, cherchions des réponses à ses innombrables questions. Nous n’avons plus le temps (ou l’envie) de faire tout ça, pris dans une routine et un quotidien qui me (nous ?) broient. Et comme je déteste la foule, nous ne faisons quasiment plus de sorties puisque nous ne disposons que des moments communs à tous les enfants scolarisés. Le bilan de ces quelques mois d’école n’est pas positif pour moi. Si au début je me suis persuadée que c’était l’occasion de récupérer du temps pour travailler et prendre soin de moi, cela ne s’est pas non plus avéré concluant. J’ai le sentiment d’être dans une course permanente. Concernant ses apprentissages, je ne vois pas où il va et je ne le vois pas évoluer non plus. Mais peut-être dois-je également lâcher-prise à ce niveau et faire confiance. Si cette école est beaucoup plus tolérante au niveau des absences des enfants, il est important d’y être régulièrement pour la cohésion du groupe, pour la participation active, pour se sentir en faire partie. Pour moi, il s’agit aussi d’une forme de restriction de ma liberté et je n’aime pas ce sentiment. La nouvelle question que nous nous posons donc aujourd’hui est « Comment concilier les besoins de chacun : la fréquentation d’autres enfants, la construction d’un cercle d’amis pour mon petit garçon hyper sociable, notre besoin intrinsèque de liberté et la nécessité d’une vie riche et épanouissante ? ». Il s’agira pour moi de rechercher d’autres familles en « homeschooling », de participer à des rencontres, de créer des liens et de les entretenir.
Chronique d’un départ et la maison d’édition
L’objectif de cette année 2017 était la publication de notre livre Chronique d’un départ. Beaucoup de travail, un réel apprentissage, un défi à relever. Ce livre, je l’ai porté à bout de bras pendant presque 2 ans et le porte encore après une brève baisse de régime en fin d’année. J’ai appris la mise en page, le traitement des photos, le travail avec un imprimeur, le choix du papier, la patience, les dossiers de presse. J’ai appris à me relever, à rester stoïque, à y croire toujours. Et peut-être que ce livre ne devait pas être publié, peut-être qu’il n’est pas à la hauteur, peut-être que je me suis trompée en le trouvant bien écrit et intéressant. Peut-être… Mais il est très important pour moi. Il est comme un manifeste, un condensé de ce qui nous anime, un moment de vie tellement intense et vrai. Ce qui y est écrit a animé des milliers d’heures de discussions, d’échanges, de réflexions. Il rappelle une vie dans laquelle je me sentais moi, à ma place, libre, épanouie et heureuse. Une période regrettée sans cesse ravivée par ces images d’autres nomades qui s’y mettent aujourd’hui. Il y a 7 ans exactement nous vivions dans un van, arpentions les routes du Maroc et bivouaquions au beau milieu du désert. Grâce à ce livre, j’ai enfin réussi à tourner la page et à envisager l’avenir sans regret, sans rancune ou rancœur, sans jalousie, apaisée. Et puis, je le trouve beau ce petit livre. Je suis fière de moi, du travail accompli, de l’objet désormais livré au monde. La sortie du livre est à l’origine aussi de belles rencontres et d’échanges intéressants. Et de ce projet est né l’envie de réaliser un autre rêve : créer ma propre maison d’édition dédiée au voyage. Voilà un projet qui relie mes trois passions : le voyage, les livres et la photographie. Un projet ambitieux, fou et aventureux. Changer de rythme me permet d’y croire et me donne le temps de tenter de bien faire les choses. Après une fin d’année assez difficile moralement, j’ai fait le vide et je me suis remplie d’énergie pour me lancer à fond dans ce projet. D’ici quelques jours, je publierai notre ligne éditoriale et dévoilerai les trois axes qui orienteront le choix de nos publications. Et puis, il y a eu l’exposition à l’Harmonium et la visite contée. Une très jolie expérience, la joie de voir ses photos exposées, trouver son travail beau et réussi et une pointe de déception. J’aurais aimé plus de partages et de rencontres. Alors, je cherche d’autres endroits susceptibles d’accueillir notre petite exposition de tours et de détours sur les routes de Belgique, de France, d’Espagne, du Portugal et du Maroc. Vous en connaissez-vous ?
Le blog
En 2017, le blog a également fait peau neuve. Un petit coup de frais qui me semblait essentiel pour accompagner la sortie du livre. Il reste encore beaucoup de travail pour la mise en page des anciens articles, améliorer la boutique en ligne, mettre en place une galerie, le passer en https, le rendre plus agréable à lire et fignoler toute une série de détails. Du fait du livre et du travail sur le blog, j’ai écrit très peu d’articles et accumulé un très gros retard. J’espère pouvoir reprendre un rythme un peu plus régulier cette année mais je ne garantis rien. Et puis, petite question, que souhaiteriez-vous lire sur ce blog ? Quel genre d’articles avez-vous envie de trouver en venant ici ? Plus de photos ? Des lectures ? Des articles plus pratiques ? Des partages d’expériences ?
La photographie
J’ai enfin passé le cap et obtenu mon diplôme en photographie. Puis-je me déclarer photographe maintenant ? Je n’aime pas porter d’étiquette et puis, j’ai encore tellement à apprendre, à pratiquer et puis en vivre. J’ai appris à regarder. J’ai appris à voir les détails. Et je suis tombée en amour avec la lumière. Alors, je vais continuer à m’exercer même si sur la deuxième moitié de l’année je n’ai quasiment par sorti l’appareil trop occupée par d’autres choses et l’esprit trop fermé et morose pour prendre des photos. J’ai de belles idées en tête qui se mettent doucement en place et qu’il me faut organiser. Je veux prendre mon temps, être libre et trouver ma manière de faire. Je ne suis pas vraiment douée pour me vendre ni pour la communication. Je n’apprécie que moyennement les réseaux sociaux et ne me retrouve pas dans le monde actuel fonctionnant à un tout autre rythme et étant parfois dans une toute autre réalité. Mais je cherche, je tâtonne, j’apprends, je découvre, je m’ouvre… Alors, je sais qu’un jour mes idées prendront vie, doucement, et que je pourrai aller de l’avant.
Être plurielle
Je me rends compte au travers de ce bilan que je ne peux me définir ou me tenir à une seule idée, un seul projet, une seule manière de faire. Je suis multiple et j’ai besoin de tous ces aspects dans ma vie pour me sentir en équilibre. Certes, il reste peu de temps pour le sommeil ou une vie sociale plus approfondie, mais j’ai besoin de papillonner, d’explorer, de passer d’une chose à l’autre. Je ne serai peut-être alors jamais spécialiste mais, qu’importe, j’aime toucher à tout ! J’envisage en plus de tout ça d’apprendre le norvégien, le suédois et la couture en 2018.
Et 2018 ?
2018 a commencé en beauté par un voyage en train en Scandinavie. Nous poursuivons notre projet des errances ferroviaires. Après Varsovie, Sarajevo, Syracuse et Belfast rejoints en train, nous avons rejoint cette fois-ci Bodø en Norvège, poursuivi notre route un peu plus vers le Nord et tiré jusqu’en Laponie finlandaise avant de redescendre vers la Suède. Un voyage magique, enchanteur, un coup de cœur pour un pays que je ne connaissais pas du tout et l’envie folle d’y retourner encore et encore. Pour le reste, je suis désormais convaincue de lancer ma maison d’édition. Elle commence à prendre une forme concrète et officielle. Nous avons encore quelques rencontres autour du livre prévues en ce début d’année. Toutefois, dans notre vie, rien n’est jamais défini à l’avance. Retourner en Afrique ? Probablement. Rester encore un peu à Namur ? Sûrement. Les envies ? Descendre la Loire en canoë, marcher dans les Cyclades, rejoindre Casablanca en train, camper en Norvège… On verra ce que l’année nous réserve et, encore une fois, je suis très curieuse de voir où elle va nous mener. Au début de l’année 2017, je n’avais pas du tout imaginé passer une semaine à Turin, me poser en Belgique, conduire Sacha dans une école ni même me lancer dans la création d’une maison d’édition. Accueillons les bonnes comme les moins bonnes surprises avec bienveillance, confiance, courage et énergie.
Articles liés
2019 et après
Cette année 2019 aura été une année très difficile à tous les niveaux. Pourtant, même quand on fait face à des difficultés, même dans la tristesse, même dans l’épuisement, même dans l’enlisement parfois, il y a toujours des petites choses qui rendent la vie plus...
2018, une année (presque) sédentaire
Lorsque nous nous sommes installés sur les bords de Meuse en août 2017, je ne pensais pas que j’écrirais mon bilan de l’année 2018 sur ces mêmes bords de Meuse. Et pourtant, 1 an et demi plus tard, je suis toujours à Namur sans même avoir pris le...
Quand le cœur n’y est plus
Je ne publie plus beaucoup sur le blog depuis un certain temps et, pourtant, j’ai tellement de voyages, de photos, de lectures à partager. Notre découverte de la péninsule du Cap ou nos randonnées dans le Drakensberg en Afrique du Sud, notre coup de cœur pour...
Un début de soirée, S. et moi avons mis Nine dans sa chambre tôt, préparé des boissons chaudes, des articles de conseils et avons plongé dans les entrailles du blog pour passer en https. Nous avions prévu d’y passer des heures sombres et délicates. Moins d’une heure plus tard c’était fini ! Sans perte, sans tracas. Alors n’hésite pas à le faire.
Concernant le blog, j’aime y lire tes récits de voyage et y voir tes photos.
Et pour 2018, je vous souhaite de belles découvertes, de nouveaux projets et, j’espère, encore du temps dans un petit coin du monde avec nous.
à bientôt
Merci pour les encouragements pour le passage en https… Mais je dois vraiment me motiver. J’ai peur d’avoir ensuite des tas de petits problèmes qui me prendront tant de temps ! Je continuerai alors dans la lignée des récits (presque) photographiques…
Je découvre ton blog avec ce joli bilan 2017. Je comprends cet amour pour les voyages ferroviaires… Qu’il est doux de se laisser porter par les cahots des trains ! Je vous souhaite à tous les trois une belle année 2018, pleine d’imprévus et de bonheur !
Aurélie Articles récents…Mes lectures 2017 : le top 10 !
Merci Aurélie. Oui, se laisser bercer, regarder le paysage défiler, profiter du calme et savourer la distance. Belle année à vous aussi.
Bonjour Laurence,
Ton texte bilan annuel m’a beaucoup touché, principalement la partie sur ton fils. J’imagine à quel point ça doit être difficile de concilier les besoins de tout le monde et que chacun se sente épanouie. Je disais à mon ancienne copine qui voulait qu’on aille un enfant que je ne sais pas si je serais capable de perdre cette liberté et d’entrer dans la routine et de ce que ça l’implique. Je lui disais toujours… si on l’élève dans une van et que je lui fais l’école ça me va (bon ce n’était clairement pas ses aspirations). Mais quand la demande vient de l’enfant même.. difficile de ne pas écouter ses besoins. J’espère que vous trouverez votre équilibre à vous tous dans tout cela, celui qui vous rendra tous heureux. Et félicitations pour le livre et le projet de maison d’édition 🙂
Rachel – Blog voyage Découverte Monde Articles récents…Où aller au Portugal : Itinéraire voyage pour visiter le Portugal en 7 jours
Bonjour Rachel, merci pour ton gentil commentaire… Effectivement, concilier les besoins de chacun n’est pas toujours évident et il s’agit de faire des compromis. Mais le temps arrange tout. Mon fils ne veut plus aller à l’école. Il ne s’attendait pas à ce qu’il a vécu (alors que l’école que nous avions choisie est une école bienveillante et respectueuse des enfants). Les horaires, aller tous les jours au même endroit, gérer la vie en groupe… Je crois que cela ne lui allait pas. Alors, comme la pomme ne tombe jamais bien loin du pommier, il n’a pas supporté la routine et la perte de liberté. Il ne va plus à l’école et nous reprenons l’instruction en famille. Quel bonheur ! Nous avons trouvé une solution à sa demande de côtoyer d’autres enfants : les stages. Un enfant n’est pas une perte de liberté. Il s’agit de faire plus de compromis et de trouver la personne qui voit les choses comme soi-même pour l’éducation.