Notre première randonnée au long cours en famille
Randonner en famille plus de 2 jours d’affilée nous ne l’avions jamais fait. Et pourtant, en août dernier, nous sommes partis marcher plus de 15 jours en Bretagne sur les GR 39 et 34 de Rennes à Le Guildo en passant par Le Mont-saint-Michel. Près de 300 km au total depuis notre départ de Bruxelles jusqu’à notre retour à Hotton. Cette randonnée a-t-elle été une réussite ? Avons-nous tenu le coup ? Étions-nous bien préparés ? Avons-nous toujours l’envie de continuer à marcher ?
La marche et nous
La marche est pour nous, et comme pour beaucoup, un élément vital. Un moment de reconnexion, de méditation, de ressourcement, de vitalité. Un retour au rythme naturel de l’Homme, une façon de voir le monde qui met en accord le corps et l’esprit, le temps et l’espace. Il était donc important pour moi de transmettre ce goût pour la marche et pour l’effort à notre fils. Sacha a été essentiellement porté et j’ai énormément marché avec lui. Que ce soit en ville pour des déplacements quotidiens, lors de nos voyages ou en randonnée. Dès qu’il a pu marcher, je l’ai accompagné dans ses découvertes, j’ai couru derrière lui et je l’ai poussé à aller légèrement au-delà de la première fatigue ressentie. Je ne l’ai pas forcé à marcher car je le portais volontiers mais je l’ai encouragé en lui fixant des objectifs à atteindre. Sacha a donc toujours marché, il a toujours aimé ça, il ne se plaignait jamais que ce soit trop long ou trop dur. Peut-être avons-nous eu de la chance ? Certainement, mais je pense aussi qu’il s’agit d’un état d’esprit, d’une manière d’être, d’une manière d’envisager la marche comme quelque chose de ludique et un émerveillement. Nous avons donc fait beaucoup de randonnées et, progressivement, nous avons rempli son sac à dos avec une collation, un jouet, des trésors, de l’eau, sa veste de pluie… Nous avons commencé par de petites balades pour ensuite envisager des randonnées plus conséquentes avec du dénivelé et plus de kilomètres sur une ou deux journées. Je rêvais pourtant de faire une marche de plusieurs jours voire de plusieurs semaines avec lui. Je nous en sentais capable mais l’étions-nous réellement ? Nous sommes donc partis en Bretagne, une région qui me paraissait plus propice à une première expérience en famille sur du long cours, pour confronter nos capacités et pensées au terrain.
Bilan de cette première expérience
Et bien cette première expérience fut une belle réussite ! Nous avons marché 16 jours et pris 3 jours de repos. Nous avons fait en tout près de 300 km en comptant les sentiers mais aussi tous les à-côtés (recherches de campings, courses, visites, balades sur les plages,…). Nous avons démarré de Rennes pour emprunter le GR39 vers le Mont-Saint-Michel : 107 km à travers les forêts et campagne d’Ille-et-Vilaine. Ensuite, notre objectif était de rejoindre Saint-Brieuc depuis le Mont-Saint-Michel en suivant le GR34, ce qui nous ajoutait 255 km. Une distance ambitieuse pour une première expérience de longue marche avec un enfant quand on vient déjà de parcourir plus d’une centaine de kilomètres.
Alors, lorsque Sacha nous a dit qu’il en avait assez de marcher lorsque nous avons atteint Dinard, nous l’avons écouté et lui avons dit que nous continuerions encore trois jours et que nous nous arrêterions à Le Guildo. Ces trois dernières journées ont été plus difficiles pour nous tant au niveau météo puisque le temps s’était refroidi et qu’il pleuvait régulièrement qu’au niveau de la motivation. Sacha a envie de se poser, de jouer sur la plage, de se baigner et de voir d’autres personnes que nous.
Jour du départ à Rennes sur le GR39
Dernier jour sur le GR34 à Le Guildo
Des moments en famille
Nous n’avons pas souvent l’occasion de passer de vrais moments à trois. Soit Joël travaille à l’étranger, soit nous sommes pris dans le tourbillon de la vie quotidienne. Cette marche nous a permis de faire une pause et de passer véritablement du temps ensemble. Toute la journée. Du matin au soir et du soir au matin. Nous avons vécu 24h/24 ensemble pendant plus de 15 jours. Ce qui n’était pas arrivé depuis très longtemps.
J’ai aimé passé tous ces instants ensemble : cueillir des mûres ou des prunes, voir des biches et un cerf, monter la tente ensemble le soir pour le bivouac, ramasser le bois, pique-niquer au soleil ou sous la pluie, chanter ou raconter des histoires, avoir les pieds trempés de la rosée du matin, attendre le coucher du soleil pour monter la tente dans le square du village et angoisser la nuit quand on entend de drôles de bruits, s’enlever les tiques nombreuses dans les forêts bretonnes, caresser des lapins, boire du lait de vache frais, avoir dur, trouver le temps long, s’encourager mutuellement, savourer le repos ou la crêpe au caramel au beurre salé à l’arrivée… Toutes ces petites choses qui ont fait de cette marche un merveilleux souvenir. Nous nous sommes retrouvés, nous nous sommes reconnectés les uns aux autres. Et c’est tellement bon.
Des rencontres
Nous avons rencontré très peu de monde lors de notre marche et n’avons pas partagé de moments avec d’autres randonneurs.
Sur le GR 39, nous n’avons croisé qu’un seul randonneur parti, lui, du Mont-Saint-Michel pour rejoindre Saint-Jacques-de-Compostelle. Nous l’avons surpris alors qu’il se reposait en travers du chemin. Durant les premiers jours, nous avons donc été très isolés mis à part lors de notre nuit dans la ferme pédagogique de Marie-Paule et Olivier à La Rofinière et lors de notre demi-journée au camping de Chauvigné où Sacha s’est incrusté dans une fête de famille.
Ensuite, sur le GR34, nous avons croisé beaucoup plus de monde. Principalement, des randonneurs à la journée (parfois avec des enfants). Et quelques couples ou amis qui, comme nous, empruntaient le sentier pour plusieurs jours. Toutefois, nous n’avons croisé aucune famille sur le sentier. Malgré un sentier plus fréquenté, nous nous sommes sentis seuls sur le GR34. Les rares personnes croisées sur le GR39 étaient chaleureuses et nous avons partagé avec elles de vrais moments. Ce n’était pas le cas sur le GR34. Peut-être parce que la côte est beaucoup plus touristique ? Alors, même si cette partie du sentier était très belle, nous l’avons beaucoup moins appréciée et en avons moins profité.
La préparation et le poids des sacs
En guise de préparation physique et de test du matériel avant le départ, nous sommes partis marcher deux jours en juin sur le chemin de Compostelle de Namur à Dinant. Une bonne mise en jambe puisque le chemin a un bon dénivelé. Mais, mis à part ça, nous n’avons pas eu le temps de mieux nous préparer physiquement. Malgré ce manque de préparation avant le départ, nous n’avons pas du tout souffert.
Au niveau du matériel emporté, nous étions très bien équipés hormis notre réchaud à bois. Sur le GR39, le réchaud à bois a parfaitement convenu à nos besoins et à notre réalité. Par contre, une fois sur le GR34, nous avons été bien embêtés par ce réchaud. Pas de bois dans les campings, des voisins très proches et de la pluie. Sur ce sentier, le réchaud à gaz aurait été plus approprié. Nos sacs avaient un poids raisonnable pour une famille. Certes, nous n’étions pas en léger comme certains randonneurs que nous avons croisé mais nous n’étions pas accablés par le poids de nos sacs. Sacha avait 3,5 kg sur le dos, j’en avais 10 sans le ravitaillement et Joël 13. Randonner en famille sur plusieurs jours dans une région où il pleut souvent, où les nuits peuvent être fraîches et où il n’est pas toujours possible de se ravitailler au jour le jour augmente évidemment le poids des sacs.
Recommencer ?
Pour moi, l’expérience a été une merveilleuse et réjouissante expérience. Je me suis sentie bien sur le sentier. L’esprit léger, le corps vivant, en paix et en harmonie. J’aime toujours marcher et j’espère pouvoir poursuivre cette aventure et terminer ce sentier pour découvrir toute la variété des paysages bretons. Je pourrais marcher des semaines entières malgré les courbatures matinales, la pluie et les étapes qui, parfois, semblent interminables.
En ce qui concerne Sacha, il a apprécié la randonnée mais il a trouvé que c’était trop long et qu’il ne pouvait pas assez jouer. Marcher pour marcher n’a pas de sens pour lui et, malgré sa curiosité et les trésors collectés en chemin, les paysages ne suffisent pas à combler ses journées ! Nous arrivions en milieu d’après-midi dans les campings afin de pouvoir se reposer et, pour Sacha, jouer et rencontrer d’autres enfants. Toutefois, nous ne nous sommes retrouvés que peu souvent dans des campings vraiment sympas pour les enfants. Pour l’instant, il est prêt à me suivre pour une semaine de marche tout au plus ou, alors, pour plusieurs semaines entrecoupées de séjours plus ou moins prolongés de détente (ce qui est difficile pour moi puisque je tourne vite en rond quand il s’agit de se détendre).
Dans un prochain article, je détaillerai notre itinéraire et les étapes de cette longue marche. J’avais envie ici de partager nos impressions générales sur cette première expérience en famille. Une expérience positive et enrichissante mais peut-être un peu trop ambitieuse pour une première fois. Peut-être aurions-nous dus être plus progressifs ?
N’hésitez pas à partager vos expériences et vos conseils de randonnées au long cours avec vos enfants ? Comment vos enfants l’ont-ils vécu ? Quelle a été votre progression ? Et vous, comment le vivez-vous ? À quelle âge avez-vous commencé à emmener vos enfants sur de longues randonnées ?
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J’adore vos photos 1er / dernier jour, car Sacha et Joël semblent terminer un peu fatigué, mais toi Laurence, ton sourire envahi tout ton visage !
En tout cas ça donne envie, même si je doute finalement d’un jour en faire autant.
Oui, je me suis tellement sentie bien sur ce sentier que j’aurais pu continuer encore et encore (ce qui n’était pas leur cas). C’est une merveilleuse expérience à tenter.